Dans le silence étoilé d’un cosmos sans fin, un androïde au regard immobile, presque humain, s’affaire avec une minutie bouleversante. Entre ses mains métalliques repose un trésor oublié : une Game Boy vintage, fragile vestige d’une époque révolue. Ici, au cœur de l’espace, le passé n’est pas abandonné — il est réparé, révéré, réanimé.
Autour de lui, des pixels flottent comme des souvenirs désincarnés, formant une fresque mouvante d’icônes familières : champignons bondissants, épées légendaires, créatures mythiques… Toute une mythologie vidéoludique gravite autour de cette scène suspendue. L’environnement, lui, est un cabinet de curiosités rétro-futuriste : livres usés, cassettes magnétiques, cartouches de jeux oubliées, flottent parmi les étoiles, témoins d’un âge où l’imagination naissait d’un écran monochrome.
Adam n’est pas seulement une scène figée : c’est un moment sacré, celui où le futur prend soin de son passé, comme un hommage à l’émerveillement qui a tout déclenché. L’androïde n’est pas qu’un réparateur. Il est le gardien d’une mémoire collective, le dernier archiviste d’une culture geek devenue légende, un moine numérique dans un sanctuaire intergalactique.
L’œuvre nous invite à reconsidérer le rapport entre progrès et mémoire, entre innovation et héritage. Elle rappelle que chaque pixel, chaque son 8-bit, chaque cartouche usée contient un fragment de rêve. Et que, parfois, l’humanité la plus profonde peut se cacher dans les gestes les plus simples — même quand elle émane d’une machine.
Adam est une ode à la transmission, à la beauté du geste inutile, au pouvoir du souvenir dans un monde lancé vers l’inconnu.
Parce que réparer, c’est résister à l’oubli. Et jouer, c’est ne jamais cesser d’imaginer.
